et encore une semaine…

Un petit week end tranquille à la maison… Ca fait du bien finalement de temps en temps… Il faut dire que les 3 derniers week ends ont été bien occupés: Rotterdam, Brême, Nuremberg/Erlangen. Malheureusement je n’ai fait que très peu de photos des deux derniers. Aujourd’hui je voulais partir voir Münster, mais ce matin je n’ai pas eu le courage de me lever, après avoir été malade cette nuit… Ce sera pour une autre fois… Et les week-ends prochains le sont tout autant: je rentre chez moi jeudi matin (je prends le train à 6h14, il faut vraiment que j’aie envie de rentrer chez moi!) und dann Richtung Paris, le 23 je pars à Hambourg avec une collègue, puis Berlin, puis peut-être Trêves chez mon cousin (mais seulement peut-être!), puis fin juillet, Amsterdam et enfin Dublin… Et d’autres projets, plus lointains, mais plus incertains…
Un petit week end à la maison, ça sert a faire le point, à se demander si on court dans la bonne direction… Pour moi se pose toujours la question du "après". Un gros gros point d’interrogation. Ma collègue part dans les bureaux de Francfort, elle va me manquer… Elle qui m’avait vraiment donné envie de m’ouvrir, alors que je me fermais, que je me taisais. Plus personne avec qui rigoler de tout et de rien dans le bureau. L’autre VIE aussi va partir, et le stagiaire. Eux aussi vont laisser un vide. Enfin, ce n’est pas tout de suite, et de nouvelles personnes viendront les remplacer…
Un petit wee end pour avoir le temps de déprimer (ah, oui, parce que déprimer de temps en temps ça fait mal, mais ca ne fait pas que du mal) sur tout ce qui ne va pas.. Ou qu’on s’imagine qui ne va pas… Tout ce qui concerne la politique. Certains amis. Des trucs au boulot. Ben finalement, ça fait du bien de déprimer parce que quand on a fini de déprimer (oui dans la déprime, ce qui est bien, c’est d’en sortir, de sortir de son moi je, de son moi je suis malheureuse gnagnagna) on se rend compte que tout cela n’est pas si grave, que ce qui est grave peut s’arranger et que ce qui ne peut pas s’arranger n’est pas si grave. Alors que si on n’avait jamais déprimé, on n’en serait pas là… Ou bien??   
 
Hier je suis allée à Düsseldorf, il y avait la fête japonaise, avec des feux d’artifices, mais je suis rentrée avant car il allait pleuvoir et je n’avais rien prévu. Il y avait plein de monde dans la vieille ville, la foule habituelle qui vient faire la fête, boire un verre, retrouver des amis. Ceux qui célèbrent des enterrements de vie de jeune fille/garcon. Et ceux qui venaient en plus pour la fête, certains déguisés. Il y avait des démonstrations de karaté, et à manger, cette glace recouverte de sirop, comme dans "Mémoires d’une geisha". Comme dans, je me rappelle aussi, un livre que j’avais lu sur les Aztèques. Et dans les bars, la retransmission du match Allemagne/San Marino. Même à coté du coté frime de Düsseldorf (ben oui, se mettre en terrasse à 17h30 pour boire du champagne, plus snob tu meurs), c’est interessant de voir la façon dont les gens sont habillés. Leur tenue est recherchée, elle est "mode", elle est souvent originale. Et rien à voir avec Wuppertal, où l’on s’habille pour ne pas sortir nu, en gros.
 
Un petit week end à la maison, c’est aussi du temps pour cuisiner (et manger), pour lire… Ce matin j’ai lu "La nuit", d’Elie Wiesel. Une histoire de camps de concentration de plus, si l’on peut dire cela, un livre de plus qui me tire des larmes à n’en plus finir. A force je ne me demande même plus comment cela a été possible. Au début du livre l’auteur souligne que quelqu’un avait essayé de les prévenir, mais que la communauté juive ne pouvait pas le croire, que ce soit possible. Qu’ils auraient eu des occasions de fuir, au départ, mais qu’ils ont voulu rester là. Et rester ensemble. Comment croire quelqu’un qui vous raconte que des soldats arrivent, vous fot creuser une fosse, et vous abattent à coup de mitraillette les uns après les autres. Comment croire ensuite la déshumanisation, la perte de la foi, la perte des liens familiaux? L’auteur raconte comment il en vient presque à souhaiter la mort de son père, pour augmenter ses chances de survivre lui-même. Comment il en vient à ne pas répondre à ses appels pendant qu’il agonise, pour ne pas recevoir de coups. L’auteur se dégoute de penser cela, comment a-t-on fait cela de lui? De lui et de millions d’autres, quand il s’agit de vie ou de mort, de conditions à la limite du vivable?  
Devant la pendaison d’un enfant, un prisonnier se demande : "Où donc est Dieu? et le narrateur qui pense "Où il est? Le voici – il est ici, pendu à cette potence." Et où est donc l’Homme?
François Mauriac dans sa préface raconte: "Le dernier jour de l’année juive l’enfant assite à la cérémonie solennelle de Roch Hachanah. Il entend des milliers d’esclaves crier d’une seule voix: "Béni soit le nom de l’Eternel". Naguère encore, il se fût prosterné, lui aussi, avec quelle adoration, quelle crainte, quel amour! Et aujourd’hui, il se redresse, il fait front. La créature humiliée et offensée au-delà de ce qui est concevable pour l’esprit et pour le coeur, défie la divinité aveugle et sourde: "Aujourd’hui, je n’implorais plus. Je n’étais plus capable de gémir. Je me sentais au contraire très fort. J’étais l’accusateur. Et l’accusé: Dieu. Mes yeux s’étaient ouverts et j’étais seul, terriblement seul dans le monde, sans Dieu, sans homme. Sans amour ni pitié. Je n’étais plus rien que cendres, mais je me sentais plus fort que ce Tout-Puissant auquel on avait lié ma vie si longtemps."
 
Chaque livre sur les camps de concentration se ressemble. Chacun raconte la même chose. Et cette monotonie, c’est leur force. Il faut le lire, le lire et le relire, peut-être, pour s’en imprégner, pour ne plus pouvoir oublier. Ces camps qui ont été vécu par des personnalités différentes, ont été vécu de la même manière. Ils répètent, répètent. Pour témoigner. Pour que l’on n’oublie pas. Pour qu’on puisse comprendre, peut-être. Je ne suis pas sûre qu’on le puisse. Lire cela, ou visiter des blocks, voir de fours, et continuer à rester là, sans comprendre. Savoir tout ce qui s’est passé, mais ne pas l’avoir vécu.
Ancrer ces histoires dans l’Histoire, la Mémoire dans nos mémoires.
Et vivre. Vivre et faire la paix, vivre en étant tous bourreaux et victimes. Reconstruire. Faire la paix, vivre la paix. Après chaque guerre. La chanson dit "Si j’étais né en 17", et moi je dis, et ce n’est qu’un exemple, pour ma génération "Si j’étais née à Sarajevo", "Si j’étais née à Kigali", d’un coté ou d’un autre… Comment faire la paix avec son propre peuple? En lisant Elie Wiesel, on sent encore de la haine, et cela se comprend. Notamment envers ceux qui ont échappé au chatiment. Facile pour moi de parler de paix. Mais que cela reste limité… que la haine n’entraine pas la haine… que ce ne soit pas un cycle de violence…
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Un commentaire pour et encore une semaine…

  1. Till dit :

    "Et rien à voir avec Wuppertal, où l\’on s\’habille pour ne pas sortir nu, en gros." J\’adore cette phrase… tout d\’un coup j\’ai envie de connaître ce petit (même pas si petit, vu que c\’est plus grand que la région parisienne) qui est la Ruhr. "Wir sind das Ruhrgebiet, die Droge die uns süchtig macht!" Si cet été j\’aurai le temps je te promets que je ferai un ptit trip par là-bas…
     

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